51 1432 : L’Agneau mystique, de Hubert puis Jan van Eyck

Voici donc la première œuvre de cette nouvelle série de publications régulières, à rythme bimensuel.
Peint en 1432 par Hubert puis Jan van Eyck, le tout à la fois célèbre et méconnu retable de l’Agneau Mystique. Nous regarderons d’abord celui-ci dans son ensemble, avant de nous concentrer sur la scène centrale :
L’œuvre fut commandée en 1427 pour l’une des chapelles privées de l’église Saint Jean de Gand, devenue depuis l’église Cathédrale Saint Bavon.
Voici une vue du polyptique fermé :

Et  des liens deux clichés de plus haute résolution,
– du retable de l’Adoration de l’Agneau Mystique, côté face,
– du retable de l’Adoration de l’Agneau Mystique, fermé.

Pour rappel, cette peinture ressort de cette première série d’œuvres étudiées qui nous fera (re)découvrir des peintures souvent célèbres, en tous cas marquantes dans l’histoire de l’Art européen, depuis le XVè siècle.
Suite à vos retours, et par différence avec les anciennes œuvres hebdomadaires, nous allons procéder ainsi :

  1. Dans un premier temps, je vous indique une peinture marquante , à l’aide d’une reproduction de celle-ci, et si possible un lien vers une version d’image en Haute résolution.
  2. D’abord et de façon primordiale, vous notez vos sensations, impressions, émotions, interrogations voire certitudes. Vous les mentionnez en commentaires.
  3. Puis, vous cherchez de votre côté ce qui concerne cette peinture et vous permet de la connaître davantage.
    Là, vous pouvez ajouter un 2è paragraphe (incluant des liens, par exemple)à votre commentaire en ligne.
  4. Nous mettons en commun le fruit de nos approches et investigations
  5. Je complète par un article de synthèse la page où figure la peinture concernée, à l’issue d’un délai de 8 jours environ.



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RAMAIN Jean-Pierre

L’adoration de l’agneau mystique,chef d’oeuvre de la peinture flamande marque un tournant dans l’évolution de la peinture religieuse.Avec ses nombreux personnages,nous sommes transportés dans un monde sacré et profane au sein d’un cadre végétal luxuriant,finement observé et fantasmé.
Les personnages du retable haut ouvert affichent tous une gravité solanelle,absorbés dans leur tache respective,tous somptueusement habillés
Les anges ne sont ni figés ni tristes et nous proposent un spectacle vivant et animé.
Adam et Eve amènent une touche d’amertune par leur regard pensif et lointain.
Le christ en majesté bénissant nous regarde fixement et évoque une icône byzantine.
La carnation des personnages associée à l’expressivité traduit la grande maitrise technique de Van Eck;
La scène de l’adoration de l’agneau mystique est le point culminant du tableau par sa composition.La ferveur de tous les personnages en prière par groupes séparés avec au centre la scène sacrée autour de laquelle converge les différents groupes de fidèles debout ou agenouillés en procession.
L’agneau mystique est la métaphore du christ martyrisé ayant donné son sang pour racheter les péchés de l’humanité.
La végétation encadrant cette scène religieuse est inhabituellle avec une perspective et différents plans arborés ou construits avec une précision botanique et architecturale.
Le panneau fermé nous surprend moins avec une thématique et une symbolique moins forte,une palette réduite,classique et répondant à la commande faute à VanEck.

DESGRANGE Bernadette

Wahou ! C’est magnifique !

Denis Poupeau

Tout d’abord ce n’est pas la première fois que je rencontre cette œuvre. J’ai eu la chance de la voir à Gand dans la cathédrale Saint-Bavon dans les années 1980.
A cette époque, le triptyque était présenté sans vitre de protection et on pouvait approcher très près de la peinture. J’ai le souvenir d’avoir été frappé par sa luminosité. Les couleurs sont très vives et le dessin des différents personnages et décors très précis. On pouvait faire le tour de l’œuvre facilement et contempler les panneaux du côté fermé à la suite de ceux du côté ouvert.
 
Quand on regarde de loin, la symétrie liée à l’ordonnancement des différents panneaux et à leur forme, qui retrouvent leur pendant de l’autre côté deux à deux (Adam / Eve, Les chanteurs, les musiciens, etc…) est très apparente. Une symétrie également des couleurs des différents sous-ensembles qui se font face.  
 
 
Le retable pouvait être exposé ouvert, pour les jours de fête par exemple, lorsqu’on dévoilait ses couleurs éclatantes ou fermé, en semaine, sous une apparence plus sobre.
 
En ce qui concerne la face ouverte, la partie centrale saute immédiatement au regard. Le Christ est très coloré, à la manière des icônes byzantines. Le bleu de la Vierge, le rouge du Christ et le vert de Saint Jean Baptiste sont très présents. Dans la partie basse c’est l’agneau qui attire immédiatement le regard, car tout converge vers lui. La qualité des détails, propre à Jan Van Eyck et à sa formation de miniaturiste, que l’on voit assez rapidement incite à passer du temps à tout regarder. Je me rappelle des petites fleurs, qui peuvent paraitre anecdotiques, dont la précision de réalisation m’avait scotché.
 
La composition est fondée sur un passage de l’Apocalypse de Saint Jean : “Après cela je vis […] une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’agneau.” (source E.H. Gombrich).
 
Adam et Eve apparaissent nus. “C’est seulement après avoir goûté au fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal qu’ils surent qu’ils étaient nus” (Bible). Jan Van Eyck a dû placer des modèles nus devant lui et les a reproduit si fidèlement que les générations suivantes furent choquées (ces panneaux ont été un temps mis au placard et même plus tard repeints pour y ajouter des vêtements).
 
Les chanteurs et les musiciens, dans la partie haute, sont représentés avec une minutie extrême. Il a été possible au 20ème siècle de reproduire les instruments peints et de déterminer quelle note est chantée par chaque personnage.
 
Il y a une discussion parmi les historiens d’art pour la figure centrale : est-ce le Christ ? Est-ce Dieu le père ?
 
De manière assez classique, la partie haute représente le Ciel : Adam et Eve, Les anges chanteurs, les anges musiciens, Marie, le Christ, Saint Jean Baptiste – la partie basse représente la Terre.
 
Dans cette partie basse on trouve des groupes de personnages selon leur fonction ou leur genre. De gauche à droite :

  • Les juges intègres, il s’agit d’une copie car l’original a été volé en 1934.
  • Les chevaliers du Christ (militaires),
  • L’agneau mystique
  • Un groupe de juifs à gauche
  • Les apôtres à genoux
  • Un groupe d’évêques (saints)
  • Un groupe de femmes (saintes)
  • Un groupe de religieux
  • Des anges
  • L’agneau qui représente le Christ
  • La colombe (Saint esprit)  
  • Un fontaine (fonds baptismaux)
  • Les ermites – groupe religieux, on voit deux femmes
  • Les pèlerins – qui suivent un grand personnage en rouge (Saint Christophe).

 
Les paysages sont très travaillés. Des arbres, des fleurs, des villes avec des églises mettent en valeur la composition.
 
La face fermée est plus austère. Elle est également réalisée de manière symétrique. On ressent une impression d’antiquité, due aux deux statues de saints, aux colonnes et aux couleurs moins vives. Seuls les personnages des donateurs – ils ont payé pour cela – sont plus prégnants. Ce sont des portraits classiques de l’école flamande, avec l’œil de Van Eyck pour exprimer leur caractère. Au-dessus, on a une scène d’Annonciation qui se déroule sur les quatre panneaux centraux : à gauche l’Archange Gabriel, au centre des panneaux presque vides continuant le dessin de la pièce, à droite Marie. On voit, à travers la fenêtre, une ville qui ressemble à Gand.
 
La technique de Van Eyck.
“Pour réussir dans sa tentative de saisir, comme en un miroir, les moindres détails de la réalité, van Eyck devait perfectionner la technique picturale. En fait, c’est lui l’inventeur de la peinture à l’huile. […] C’est ainsi qu’il obtint des couleurs transparentes, lui permettant de travailler par couches superposées, d’ajouter des accents de lumière à la pointe du pinceau et d’atteindre à ces merveilles de justesse qui ont ébloui ses contemporains et qui ont conduit bientôt à un emploi généralisé de la peinture à l’huile, considérée dès lors comme la technique la meilleure.” (Gombrich).
 

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