18-2bis- 1918_Alciati_Ambroglio_Le-baiser

18 Des baisers comme s’il en peignait ou sculptait, amorce d’un florilège

Bonjour à toutes et tous,

Voici la 18è des œuvres d’art que je vous envoie dorénavant..

Pour cette semaine, tendons vers l’un des absolus de la condition humaine :
le baiser, symbole d’amour mais parfois aussi de seul désir.

Pour ce faire, je vous propose 7 œuvres connues, ou méconnues d’ailleurs =

-1 Psyché réveillé par (le baiser de l’) Amour, alias Psyché et Cupidon, par Antonio Canova, sculpté en 1793, conservé au Musée du Louvre, Paris.
avec un cliché

-1bis le détaille. Vous pouvez en admirer un détail par la 2è illustration.
Le titre dit tellement déjà, non ?

-2 Il Bacio, de Silvio Allason  date de 1890, Collection particulière, récemment vendu aux enchères à l’hôtel Drouot, Paris.
18-2- 1890_Allason_Silvio_Il bacio_hst_62x36cm_Cambi-Gal_Genova

-2bis  Il Convegno, d’Ambrosio Alcati, peint vers 1918, à l’analyse subtile (1), qui s’inspire sans doute de la peinture éponyme de Silvio Allason ci-dessus ? Grandissime et cependant méconnu. Museo del paesaggio, Verbania (Italie)18-2bis- 1918_Alciati_Ambroglio_Le-baiser

-3 Le Baiser, de Gustav Klimt, peint entre 1907 et 1908. Il est fréquemment apprécié des femmes, ce baiser, d’ailleurs.

Vous remarquez que, essentiellement, le baiser arrive dans l’art imagier, timidement d’abord, à compter du XVIIIè siècle.
N’en concluez pas hâtivement qu’il n’existait pas avant, comme l’écriraient des historiens incertains.
Bon, le XXè siècle de la défaite de l’Humain montrera moins souvent des baisers heureux,
comme par exemple :

-4 Dans l’expression de l’incommutabilité, dès 1928, Les amoureux, de René Magritte, et, dans un autre genre d’inaccomplissement,

-5 Dans la transformation de l’intime – ici du baiser- en acte social -ici placard publicitaire- dans le Kiss v , de Roy Lichtenstein, en 1964

-5bis Représentatif des arts actuels où les artéfacts, artistiques compris, deviennent des matières premières utilisées comme telle, Covid Kiss, de Gonzalo de las Cuevas. On remarque une parenté inattendue avec celui de … Magritte, bien sur 😉 , mais pour des mobiles différents.

Et je vous propose bien sur d’en trouver d’autres.

Une prime à celles et ceux qui trouveront dans les arts imagiers des baisers plus anciens.

P.s. : – vous pouvez aussi en créer, et artisanalement, en art fugace ou non, de plus 😉
         – je me doute que beaucoup auraient voulu y voir peut-être le plus romantique des baisers peints, aussi le voici = il bacio, de Francesco Hayez

Admirez, savourez (bien sur), étudiez… et commentez

Amicalement,
Jean-François

(1) En voici deux analyses, la première, par une artiste italienne Giovanna Pimpinella
    et la seconde par votre serviteur :  Le tableau “il convegno”  (l’entrevue/ la conférence) d’Ambroglio ALciati, 1918

En voici une interprétation personnelle, du fait de l’absence de connaissance historique avancée sur l’œuvre.
Ce que je vais poser comme hypothèse s’appuie sur ce qui est peint.

Inspiré des techniques impressionnistes, comme du même sujet traité une génération plus tôt -le tableau “Il bacio” de Silvio Allason date de 1890- l’action y est poussée encore davantage.
ce tableau est tellement bien réalisé, avec des couleurs alternant le chatoyant et le minéral, d’une lumière toute en contraste, qu’on en oublie la très belle technique maîtrisée.

Sa symbolique m’apparaît évoquer l’amour total et cependant contrarié.
Pourquoi ? 
– le livre ouvert, à la droite de la femme, posé sur le rebord du mur est symbole d’amour absolu qu’elle y a lu. Livre avec marque page battant au vent, son épaisseur incite à penser un roman d’amour / destin, à la manière des romans russes ou français, peut-être.
Il peut évoquer de plus l’attente de l’autre, du RV, car la femme le lisait en attendant l’arrivée de l’homme aimé ; le livre l’accompagne au jardin, et le marque page indique une lecture interrompue avec méthode.

– La grille tient séparés les deus amants, symbole de l’Amour contrarié par les aspérités de la vie. Ils réussissent cependant à s’embrasser, instant hors du temps. C’est l’inaccessible, le tenté, et l’instant réuni.

– Le passage du livre encore ouvert au baiser, soit du rêve au réel, indique cette élan d’accomplissement. On est touché par ce côté amour impossible mais irrésistible.

– Les couleurs rousses sur elle, si belles et rutilantes forment une deuxième source de lumière, almatique, différente de celle du ciel. Nous en reparlerons plus bas.

– Et puis l’abandon à l’amour de la femme et la position quasi pénétrante de l’amant… C’est sans doute cela qui fait penser que le livre est celui d’un grand roman d’amour. Mais nous voguons là dans mon imagination.

Cette femme est très belle vraiment. C’est passionnel, la position de leurs corps. Voilà ce qui m’a complètement séduit dans cette œuvre, cette position malgré la grille… Sans doute ceux qui savent ce qu’est un amour séparé comprennent mieux encore cette peinture là.

Car, à y regarder encore, on peut y déceler un possible ou probable second sens, discret sinon caché.
Du reste, sens tout à fait complémentaire du premier.
Peint en 1918 ou après (1925 ? la date est impossible à bien lire), ce tableau peut marquer ainsi l’acceptation de la mort par cette femme ( peut-être alors de la grippe espagnole) qui n’attendait plus que la faucheuse pour rejoindre son amant déjà défunt (à la guerre ?).
En effet, l’amant montre une main droite toute blafarde, quasi cadavérique, et ses yeux fermés qui s’interprètent d’abord comme expression du moment intense, évoquent aussi les yeux clos du visage défunt. Aurait-il été tué à la guerre ?

Dans cette interprétation, Il vient la chercher pour l’emmener de l’autre côté de la barrière.
Or le mur de celle-ci se montre très minéral et terrestre par ses couleurs là où se trouve la femme aimée,
tandis que du côté de l’amant -déjà mort dans ce qui constitue cette interprétation- le ciel s’affirme clair, joyeux, parsemé d’évocations végétales, et donc d’évocation du cycle de la vie qui recommence après l’hiver/mort. Il évoquerait l’après mort. le ciel, l’autre Monde. Une vision quasi-séductrice de l’au-delà.
La grille deviendrait alors une moderne métaphore du Styx.

Deux autres éléments confortent assez clairement cette hypothèse :

– La forme qui, sur la gauche de l’amant, prolonge son vêtement, aussi sombre que lui, et se confond à première vue avec la végétation évoque bien une aile noire accrochée à son dos.

– Puis, nous l’avons remarqué, la source de lumière particulière, 2è source de lumière du tableau, émanant de l’aimée, toute almatique, conforte également
cette idée de passage accepté. C’est bien la robe qui est la plus rousse, la plus “lumière”,
là où le cœur bat et le souffle naît, tandis que les couleurs du bas de cette robe glissent vers la palette minérale du mur.
La chevelure ne fait que Conforter le tout.
La robe, Tout est pensé !

De ce peintre de la Femme, et du désir, on comprend bien par ses toiles qu’il savait aimer, malgré un physique le défavorisant.
D’où peut être cette allégorie pleine de Délicatesse, belle symbolique.
Pour autant cet artiste, Ambrogio Alciati, est loin d’être aussi renommé qu’il le mérite…

Jean-François Martine

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MENAGER Monique

«Psyché ranimée par le baiser de l’Amour» par Antonio Canova
Je me promène au musée du Louvre. Mon regard est attiré par une magnifique statuaire.
Je l’observe de loin. Je suis impressionnée par l’harmonie des lignes, des formes. Je crois assister à l’envol d’un oiseau.
Je m’approche et je découvre qu’il s’agit d’un couple enlacé d’une beauté antique. Cette statuaire montre la tendresse qui lie deux jeunes gens. Leurs corps sont entrelacés et penchés l’un vers l’autre, leurs bras s’entrecroisent et leurs lèvres tendent à se réunir. Je lis le nom du sculpteur. Antonio Canova le titre de l’œuvre: «Psyché ranimée par le baiser de l’Amour »
Le baiser, en ce temps où il est de tous les dangers, ce mot me fait rêver. Il me rappelle immédiatement d’autres baisers célèbres. Ceux peints ou sculptés par des artistes renommés comme Rodin, Picasso, Marc Chagall, et surtout Magritte dont l’œuvre rejoint l’ actualité. PJ
En ce qui concerne Psyché je dois me souvenir de l’histoire de ce personnage dans la mythologie Grecque. J’essaye de raviver ma mémoire. Ah mais c’est vrai ! j’ai mon cerveau ambulant  :mon smartphone. Je consulte internet . Je trouve cette explication : Petit résumé / Ce jeune homme ailé qui vient de se poser sur un rocher où gît sans connaissance une jeune fille, c’est le dieu Amour – ou Cupidon en latin – reconnaissable à ses ailes et à son carquois rempli de flèches. La jeune fille se nomme Psyché. Vénus, déesse de la Beauté et mère de l’Amour, exigea qu’elle rapportât des Enfers un flacon lui interdisant rigoureusement de l’ouvrir Mais la curieuse ne put s’en empêcher : ayant respiré les effluves infernaux, elle tomba aussitôt dans un profond sommeil proche de la mort. La voyant étendue sans vie, Amour accourut à tire-d’aile ; du bout de sa flèche il la toucha légèrement, afin de s’assurer qu’elle n’était pas morte. C’est l’instant saisi par le sculpteur : Amour enlace tendrement Psyché, la redresse, et rapproche son visage de celui de sa bien-aimée.
La sculpture dont le thème est d”inspiration antique, ne ressemble pas à la statuaire de cette époque. En effet, les Grecs et les Romains sculptaient l’anatomie les corps. Ici les corps sont épurés. La statue est plutôt d’un style néo-classique. La lumière d’une fenêtre tout proche traverse les fines parties de la sculpture de marbre C’est magnifique !
L’œuvre n’est pas statique. Sa composition pyramidale donne un sentiment d’élévation. Ceci est d’ailleurs assez symbolique puisqu’il s’agit de la réunion d’un Dieu et d’une mortelle. Dans ce groupe statuaire, les corps des deux amants s’entrelacent, leurs bras s’entrecroisent, leurs lèvres tendent à se réunir. Ils expriment la tendresse qui les lie. Je suis impressionnée
Psyché a des proportions idéales selon les critères de beauté antique : de longues jambes et une taille souple, de longues mains et des pieds menus. Les traits de son visage sont fins, délicats, harmonieux. La position des mains, des pieds, les chevelures  des personnages sont réalisés avec beaucoup de précision En résumé, c’est une incarnation de la Beauté que le peintre nous donne à voir . Je suis conquise et admirative

Antonio Canova est un sculpteur et peintre vénitien,néle 1er novembre 1757  à Possagno et mort le 13 octobre 1822 à Venise.
Il se forme à Venise puis se rend à Rome où il débute sa carrière. Il se fait connaître grâce à l’art des tombeaux puis se lance dans la réalisation de statues qui font de lui un maître incontesté du courant néo-classique qui s’inspire d’une Antiquité redécouverte à cette époque grâce à l’archéologie. De grands personnages font alors appel à lui pour être représentés selon la manière antique, comme Napoléon ou la sœur de ce dernier, sculptés avec drapés ou cuirasses.
Avec Psyché ranimée par un baiser de l’Amour, sculpture datée de 1793, l’artiste impose son talent et sa maîtrise du travail du marbre à toute l’Europe et continue de faire vivre cette inspiration antique en choisissant un thème majeur de la mythologie grecque
Monique Menager

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