16 Un paysage culturel peut-il être une œuvre d’art ? Bourmont, la Promenade du Côna

Bonjour à toutes et tous,

voici la 16è des œuvres d’art que je vous envoie dorénavant.

Pour cette semaine, j’innove, en vous montrant une œuvre d’art collective et en partie anonyme :
Un paysage culturel (ou anthropique, à votre choix).
La vallée de Meuse vue depuis la Promenade du Côna, à Bourmont, en Haute-Marne.

Du reste, un paysage travaillé par les Hommes devient-il un bien, une œuvre artistique ?
Avec beaucoup d’autres, je réponds par l’affirmative, car il s’agit de paysages culturels, anthropiques et non plus de paysages naturels seulement, loin de là. Mais je vous pose la question et attends vos réponses motivées.


Ici,  «Une ancienne forteresse, fièrement perchée sur une haute colline». Ainsi Maurice Barrès décrit-il Bourmont.
Sur ce premier cliché, deux paysages enclenchés, pris donc depuis l’éperon défensif et double village de Bourmont (statut de ville donné par Charles X, ce qui en fait la plus petite ville de France),
qui domine la toute jeune Meuse presqu’encore ruisselante,
cité géomorphologiquement bâtie sur une belle cuesta des confins du bassin parisien.

Le paysage de fond :
Voici un peu de cette vallée appartenant au bassin de Bassigny plus connu cependant pour ses forges, fabriques de cloches, horloges et coutelleries,
vallon au sud duquel Louise Michel commença sa carrière de maîtresse d’école à Audeloncourt,
où, au centre, les frères Goncourt, les Flammarion et les Albin-Michel ont leur berceau familial,
(Très immodestement, je me permets de dire que j’ai aussi des ancêtres à Audeloncourt),
et où, vers le Nord, Jeanne, une adolescente de 16 / 17 ans prit le parti du roi et de la France en guerre civile et anglaise confondue, à Domrémy.
Pour paraphraser Guillaume d’Orange (qui parlait alors de lui),
“[elle] ne savait pas que c’était impossible, alors [elle] l’a fait. Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre”.
Ce paysage rural qui forme le fond de la vue est le fruit de millénaires d’attentions des êtres humains pour le défricher et en maîtriser les marais d’abord, puis le cultiver, y délimiter des pâtures afin de nourrir les bêtes, s’y créer des chemins, utiliser le cours d’eau comme bâtir villages et hameaux.
La quiétude qu’il manifeste exprime le travail et les projets de milliers de générations.

Et puis, en avant plan,  ce second élément de paysage, cette promenade du Côna planté de tilleuls dès 1760, au goût proto romantique avéré, qui respire l’évocation et le vagabondage poétique de l’esprit.

Pourtant, cette promenade prolonge la cité-éperon de Bourmont, au destin souvent cruel, disputé entre Champagne et Lorraine depuis le Moyen-âge, puis entre France et Saint-Empire jusqu’au XVIIIè siècle, et pas épargnée au XXè des mauvais jours de  1940, où les soldats coloniaux du 14e régiment de tirailleurs sénégalais furent près de 120 à être massacrés par les allemands à qui ils avaient résisté trois jours, eux, “des noirs”  qui avaient pris le dessus sur des “ariens” qui en avaient peur.

Aujourd’hui, vous allez le découvrir, il s’agit d’une bourgade oubliée, où les pierres vieillissent plus vite que l’histoire des hommes.




Et vous, qu’en ressentez vous donc ?

Admirez, savourez, étudiez… et commentez

Amicalement,
Jean-François

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MENAGER Monique

Bourmont un village champenois à visiter
Parmi ces quatre photographies je choisis la première. J”aperçois au sommet d’une colline, un banc bien situé face à la vallée du bassin de Bassigny . Il semble m’accueillir ! Je vérifie que le siège ne soit ni gelé, ni mouillé par l’humidité ambiante qui sévit toujours dans cette région .
Je m’assoies. Puis je lève les bras au ciel et m’écrie: comment rester insensible devant une telle variété de gris .
En observant ces photos, et vidéos, je retrouve le ciel de la Champagne. Un ciel toujours plombé, sans forme, sans nuance, sans mouvement, sans jamais d’éclaboussure du soleil. Chaque jour de l’année, la nature disparaît dans un brouillard épais ou un gris sale uniforme. A chacun de mes réveils, en ouvrant ma fenêtre, désespérée, je me remémorais et récitais le poème de Baudelaire « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. »
  Ce ciel plombait mon moral. En automne s’ajoutait le vol de milliers d’oiseaux noirs. Ils envahissent le vignoble champenois, les arbres des alentours, et la pelouse du jardin. Ils finissent par nicher dans mes pensées. A travers les images de ce village, je revois bien les tristes nuances de gris. Il y a bien entendu quelques rares exceptions sur certaines photographies. En effet, durant les mois d’été, le ciel est plus clair. Il prend une tonalité blanche laiteuse, ou au mieux, un bleu complètement délavé.
Je sais que je suis hors sujet. Mais j’aime tant les couleurs qui éclatent sous le soleil qu’à la vue des photographies de ce village, le désagréable souvenir du temps champenois m’impressionne immédiatement. Si on oublie le climat la vie familiale, amicale professionnelle, associative, furent pleine de réussites et de bonheur.
J’ai donc habité longtemps la Champagne, mais je n’ai jamais pas eu l’occasion de visiter Bourmont. C’est dommage ! Ce village paraît remarquable . Il n’est pas envahi par une multitude de touristes. Ainsi on est puni. On ne peut pas s’arrêter dans des boutiques de souvenirs pour acheter les petites boules en verre dans lesquelles baignent, au milieu de paillettes, la mairie, l’église, ou d’autres monuments locaux.
C’est un petit village comme je les aimes. Authentique, typique. Il a réussi la prouesse de conserver au cours des siècles, son patrimoine bâti. Les pierres racontent la longue histoire émouvante des générations qui se sont succèdées. Le village n’a pas été dénaturé par des envahisseurs peu scrupuleux. Ce village d’environ 500 âmes aujourd’hui garde tout son caractère. J’aurais pu visiter la maison du Bailly de style Renaissance, les deux églises Saint-Joseph, et de Gonaincourt . J’aurais découvert l’ancien couvent des Annonciades célestes. J’aurais vagabondé dans le Parc des Roches classé jardin remarquable  Ce parc pittoresque, installé au pied d’une falaise. Il est embelli de fausses ruines qui suscitent la curiosité . Oui j’aurais admiré la nature dans une promenade du Côna j’aurais respiré l’odeur des tilleuls plantés dans ces allées romantiques. Tant pis pour la balade dans Bourmont Mais je ne retournerai pas en Champagne.

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