Bonjour à toutes et tous,
Voici la 50è des œuvres d’art que je vous propose chaque semaine.
Aujourd’hui, des photographies belles, crues, dures ou tendres :
Quelques clichés de Dmitri Markov, photographe et humaniste russe né en 1982
Dmitri Markov
Russe né près de Moscou et installé depuis plus de 10 ans à Pskov, dans le Nord-ouest de la Russie d’Europe, près de l’Estonie,
Dmitri Markov a trouvé sa voie humaine dans l’aide aux autres, il est travailleur social auprès d’handicapés, maintenant bénévolement,
et dans l’acuité d’un regard artistique qui glisse de l’étonnement, voire de la désillusion, à la tendresse comme au poignant.
C’est sans fard, sans trucage ni retouches qu’il prend ses clichés sur le vif, à l’aide d’un iphone exclusivement.
Hélas, Dmitri Markov est mort à Pskov, le 16 février 2024 -le même jour que M. Navalny, du reste.
On ne connait pas les causes de son décès. Les informations glanées nous apprennent qu’il tentait de faire face à des addictions redoutables. Est-ce de cela dont il est mort ?…
Paix à son Âme !
L’œil et le doigté
Artistiquement, l’œil du photographe est époustouflant, qui sait voir.
Techniquement, sa réactivité instantanée est impressionnante, qui sait saisir l’instant d’éternité comme de témoignage qu’il croise.
Un regard solidaire et compassé
Issu d’une famille ouvrière, très vite « gosse des rues », un temps toxicomane, son parcours humain l’a fait vivre des déshérences. On pense alors au proverbe « Il faut avoir souffert pour savoir aimer » quand on contemple ses photographies, où le regard qu’il mémorise ainsi est beau et bienveillant, y compris en regardant l’Humain désespéré ou abruti (étymologiquement « rendu brute » par les aléas de sa vie).
Du reste, un de ses propos est éclairant : « Quand on me demande pourquoi je m’intéresse au « côté désagréable de la vie« , je réponds : « Parce que j’en fais partie » » .
On saisit aussi son imprégnation chrétienne orthodoxe, à travers ses images de gens simples et simplement croyants, où la Charité dans son acception la plus authentique se lit aussi.
Âme russe des plus marquantes, passant d’une douleur autodestructrice à une dynamique quasi mystique ?
Peut-être cette façon traditionnelle de regarder les russes a-t-elle du vrai.
Plus surement, son parcours montre combien la fuite vers les paradis illusoires est déclenchée par la blessure des âmes généreuses déçues, comme heurtées contre des murs aux portes masquées par l’épais brouillard des veuleries de l’avoir ; et comment ces portes là, une fois découvertes, ouvrent alors au Sens de la Vie, à l’accomplissement altruiste et respectueux de l’autre.
Son engagement constant auprès des faibles, des humbles et des simples, par la voie sociale comme artistique, est tout simplement grand.
Et la société russe, désagrégée par les années de gabegie et de pillage qui ont succédé à l’U.R.S.S. a déstabilisé bien des destins, passant d’une société où chacun avait une place, y compris dans le manque, à un éclatement social où les accapareurs triomphèrent en mafieux.
Et il reste beaucoup à faire pour ces populations délaissées, éloignées des regards, même si la sévère façon de gouverner de W. Poutine a ramené un certain ordre économique et social.
Avec son allure quasi ascétique, Dmitri Markov, né du Peuple, porte un regard attentionné et confraternel vers les sans grades et les humbles du post soviétisme.
Une réelle notoriété internationale
Notons que la célébrité lui est arrivée par son compte Instagram dcim.ru, actuellement de plus de 380 000 abonnés, où la marque Apple l’a remarqué puis primé pour la qualité de ses photos réalisées avec un smartphone de ce fabricant. Ce qui occasionna des expositions internationales comme celles de Paris, à la Galerie Agnès B ; Cette médiatisation n’a pas changé son regard sur la vie, via un orgueil ou un appétit de brillance futile. Simplement, il peut vivre de son art, continuant bénévolement son action auprès des handicapés.
Dmitri Markov publie des ouvrages mêlant ses photographies, et textes, comme sa 8è publication, « Cut Off » (ce qui se traduit en français par « Coupé » dans le sens du délaissé au montage d’un film), édité aux éditions IIKKI, où ses clichés sont proposés de paire avec un vinyle des musiques d’Aries Mond, musicien français.
Un court florilège thématisé de clichés de Dmitri Markov
Ses clichés les plus célèbres
Société russe
Images fortes mythiques
Des référents artistiques intuitifs
Un regard spirituel
et un humour bienveillant
Admirez, savourez, étudiez… et commentez
Amicalement,
Jean-François Martine
Bibliographie rapide :
– Dmitri Markov, biographie sur Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Dmitry_Markov comme sur Télérama https://www.telerama.fr/scenes/la-russie-crue-et-cabossee-de-dmitry-markov,n5892505.php ou encore Libération https://www.liberation.fr/images/2018/03/02/dmitri-markov-star-de-toutes-les-russies_1633480/
ou bien dans une vidéo du journal Le Temps (suisse), https://www.letemps.ch/video/monde/dmitri-markov-russie-smartphone?page=35
– « Cut off » sur le blog Lintervalle https://lintervalle.blog/2019/04/17/de-la-russie-sovietique-a-travers-les-siecles-par-dmitri-markov-photographe/ comme sur Fisheyemamazine https://www.fisheyemagazine.fr/rdv/livre/cut-off-un-dialogue-social-entre-dmitri-markov-et-aries-mond/
Dans ses profils sociaux, son pseudonyme est dcim.ru
Pour rappel « DCIM » est le préfixe de nombreux nommages automatiques de photos numériques, celle des Iphones notamment, et .ru reprend le suffixe internet de la Russie.
‘Photos de Russie’ en serait un résumé.
– Le profil Instagram de Dmitri Markov, vecteur par lequel il a été repéré internationalement https://www.instagram.com/dcim.ru/?hl=fr
– Son profil Facebook https://www.facebook.com/dcim.ru
-Vous trouverez sur Youtube de nombreuses vidéos l’interrogeant ou montrant ses œuvres ici https://www.youtube.com/results?search_query=Dmitri+Markov
MARKOV, un être hyper sensible qui réussit à exprimer son mal-vivre, ses interrogations, ses souffrances, son incompréhension du monde dans lequel il vit, son refus ? de ce monde au travers d’un travail artistique. Ses clichés sont beaux et troublants comme ceux du monastère et de l’église soumis aux lumières naturelles, divines ? le vieil homme seul, assis sur son canapé, « ailleurs » qui semble-t-il attend un appel … Attente en vain ou couronnée de succès ? Et ce cercueil transporté dans cette camionnette très ordinaire ! Le chauffeur et son sourire redonnent un peu de joie de vivre ou d’espérance. Le cliché montrant ce petit garçon qui regarde de l’autre côté du personnage de la statue interroge. Hasard ? Refus du message de cette statue ? Interrogation sur nos regards, nos interprétations, nos ressentis qui orientent notre façon de voir, d’entendre, de percevoir … Petit clin d’oeil concernant le cliché « style Avogato 6 » cet artiste japonais si poignant ! Cet artiste sait voir, regarder, capter (« normal » pour un artiste) mais son chemin de vie va bien plus loin et fait penser aux Ambulants, n’est-il-pas ? L’Ame russe si tourmentée …
je me suis régalé à visionner les photos reportages de Markov, artiste engagé au bon sens du terme et qui réussit à nous montrer la misère sociale post soviétique sans jamais tomber dans le misérabilisme ou l’outrancier. Je conseille vivement d’ouvrir les liens associés notamment les différentes approches et définitions de la Charité et les clichés sublimes de René Maltète.
merci de me l’avoir fait connaître….. photos à la fois puissantes et parfois légèreté de la vie….très intéressant.