Tarente, Musée d'Archéologie, Tête de femme en terre cuite polychrome, Cliché Jean-François Martine

28 Antiquité grecque : Le buste de Femme aphrodisienne de Tarente

Bonjour à toutes et tous,

Voici la 28è des œuvres d’art que je vous envoie dorénavant.

Donc, mon choix de cette semaine se porte sur un “antique”.

Tête de femme en terre cuite polychrome

Tarente,  IVe siècle av. J.-C.


Il s’agit d’une tête de femme, en terre cuite polychrome, moulée, qui a conservé l’essentiel de ses couleurs.

Tarente, Musée d'Archéologie, Tête de femme en terre cuite polychrome, Cliché Jean-François Martine
Tarente, Musée d’Archéologie, Tête de femme en terre cuite polychrome, Cliché Jean-François Martine


Cette tête est réjouissante de perfection esthétique et d’expression sereine.

Aux oreilles, des traces laissent penser à l’existence ancienne de boucles d’oreilles en orfèvrerie.
Trouvée lors de travaux à Tarente, cette sculpture est conservée dans le fameux Musée National d’Archéologie, alias MArTA,
dont elle constitue l’une des œuvres emblématiques.
Sa datation antique la fait remonter au IVè siècle avant notre ère.

Il s’agirait d’une sculpture funéraire honorant le souvenir d’une défunte.
Or son visage, si emprunt de perfection antique, personnalise sans doute très efficacement aussi son modèle, au delà des traits presqu’uniquement harmonieux, montrant tout à la fois la Perfection de la Nature et la production particulière de celle-ci, que nous autres gens actuels appelons la personnalité, la singularité.
Sur ce point, relire ce passage  de l’ “Abrégé de la vie des plus illustres peintres“, de 1699, s’avère éclairant.
En effet, Roger de Piles, son auteur, nous dit :
La Nature doit être considérée de deux manières, 
ou dans les objets particuliers,
ou dans les objets en général,
& en elle-même.(1)
La Nature est ordinairement défectueuse dans les objets particuliers, dans la formation desquels elle est[..] détournée par quelque accidents contre son intention, qui est toujours de faire un Ouvrage parfait“.
Basé sur l”esprit antique, ce développement  touche autant à l’Esthétique, qu’à la Philosophie. 

Le diadème qu’elle porte exprime une réelle référence à la déesse Aphrodite (que les romains appelleront de leur côté Vénus).
On peut de ce fait proposer aussi cette dédicace, comme principale sinon, donc, comme secondaire.
Aussi, je me permets, pour rappel, de vous joindre un petit montage

Déesses mères et représentation féminine depuis la haute Antiquité, montage de Jean-François Martine
Déesses mères et représentation féminine depuis la haute Antiquité, montage de Jean-François Martine


rappelant ces références vénusiennes tirées de l’antiquité et du néolithique.

Voici l’adresse du site du MarTA, en version française :
https://museotaranto.beniculturali.it/fr

Et vous, que vous inspire-telle ? Comment analysez vous l’œuvre  🙂
Vos commentaires sont les bienvenus.

Admirez, savourez, étudiez…

Amicalement,
Jean-François

(1): Remarquez la figure rhétorique toute classique d’annoncer deux points pour en traiter trois.

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MENAGER Monique

Magnifique Venus de terre cuite datant du IV ème siècle avant notre ère
J’observe attentivement cette Vénus de terre cuite qui date du IVème siècle avant notre ère et je m’échappe dans un beau rêve .
J’ai seize ans. Je vis à Paris pendant le siècle dernier. Il est 20H. Je franchis, avec le sourire, la porte de l’école de la rue du Moulin des Prés située dans le XIIIe arrondissement . Je m’assois sur un banc dans une salle de classe aux murs grisâtres. Je suis impressionnée par ce que je vois . Sur une série d’ étagères sont rangées, serrées les unes contre les autres de multiples statues de plâtre. Ce sont des bustes, des corps nus de dieux antiques, le buste d’Apollon, la Vénus de Milo, des têtes d’hommes célèbres. Je reconnais tout de suite certains personnages : Voltaire, la Bruyère, Beethoven, Louis XIV, Napoléon. Ils sont illustrés dans mes livres scolaires. Je ne peux pas les oublier .
Le professeur nous distribue de grandes feuilles de papier Ingres et des fusains . Sur une sellette , il installe un buste de Voltaire.
Il nous explique comment dessiner ce personnage.
 Prenez un morceau de fusain, vous tracez quelques lignes en zigzag, vous obtenez des traits noirs. Vous estompez progressivement, ce noir en frottant légèrement la ligne avec un morceau de buvard, un chiffon, ou du papier que vous avez roulé. N’est-ce pas surprenant? Quel merveilleux noir et quels gris étonnant !
Vous dessinez les lignes de ce portrait. Puis vous oubliez vite le tracé pour remplir les espaces et nuancer les teintes comme si le fusain était un pinceau. Il ne faut penser qu’en termes de nuances , de valeurs , d’ombres et de lumières afin de mettre en évidence le volume de cette sculpture.
En suivant les conseils de ce professeur, j’ai réalisé de nombreux dessins parmi toutes les statuettes de plâtres qui trônaient sur les étagères surchargées de la classe
Je vivais dans une famille très modeste. Si j’ai pu suivre cette formation, c’est qu’elle était gratuite
Après la guerre, le gouvernement avait appliqué et décidé que la culture serait accessible à tous. Ce fut une période remarquable d’ ouverture de nos esprits vers de nombreux domaines culturels. Chaque dimanche matin, je partais visiter gratuitement un département du musée du Louvre. Un enseignant nous guidait et commentait les œuvres exposées dans le département choisi. Les mêmes possibilités étaient offertes aux personnes qui préféraient s’intéresser à la musique, au théâtre ou faire du sport.
La télévision, cette machine à tuer le temps, n’ existait que dans très peu de foyers. La radio ne diffusait pas à cette époque ce flot continu d’informations qui pollue nos oreilles et brouille nos esprits. Les ordinateurs smartphones n’étaient pas nés. Nous avions le temps de regarder le monde qui nous entoure pour créer, rêver, se rencontrer.
Je ne crois pas que cette Vénus antique était présente sur les étagères de l’école. Autrement j’aurais volontiers dessiné cette jolie tête. J’aurais ajouté au fusain un peu de sanguine pour mettre une touche de couleur à sa chevelure et sur ses lèvres pour la rendre plus vivante. Elle est magnifique . Elle semble, comme moi, plongée dans un rêve. Ses yeux sont absents et ses lèvres esquissent un léger sourire . Elle est véritablement ailleurs, dans un autre monde. En vérité elle dort dans le Musée archéologique national de Tarente, l’un des plus importants d’Italie Il a été fondé en 1887 et occupe depuis l’origine, l’ancien couvent des frères Alcantarins, ou de San Pasquale, bâti peu après le milieu du XVIIIe siècle. Monique Menager Avril 21

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