47 Norman Rockwell, deux peintures fortes “The Problem We All Live With”, et dans un autre regard, “le critique d’art”

1963, Norman Rockwell, “The-Problem-We-All-Live-With” image via revue.alarmer.org

Bonjour à toutes et tous,

Voici la 47è des œuvres d’art que je vous propose chaque semaine.

Norman Rockwell, 1963, “The Problem We All Live With”

Il s’agit d’une peinture particulièrement courageuse.
L’Amérique de 1963 pense encore majoritairement en termes de discrimination raciale, Nord et Sud confondus. Active dans les anciens états sécessionnistes du Sud, La ségrégation légale – équivalent américain de l’apartheid sud-africain, plus récent que le premier- ne sera abolie que l’année suivante.
Norman Rockwell dépeint une scène historique ayant pris place 3 ans avant : la 1ère fillette noire admise sur tests scolaires positifs, dans une école jusqu’alors réservée aux blancs. La scène se déroule en novembre 1960 à la Nouvelle Orléans. La jeune élève, Ruby Bridges, suivra une formation complète, jusqu’au sortir de l’université. Philanthrope, elle anime depuis 1999 la “Ruby Bridges Foundation” qui promeut les valeurs de tolérance, de respect et d’appréciation des différences.
Le titre original de cette œuvre est “The Problem We All Live With”, en français “Le problème avec lequel nous vivons tous”.
À ce sujet, je vous propose de regarder le racisme comme une maladie, qu’on peut attraper, mais surtout dont on peut guérir, voire se vacciner. Quelque chose qui vient d’une volonté de se rassurer, mal orientée en lutte contre tout compétiteur -sexuel à l’origine- éventuel et inconnu.
J ‘y constate un parallèle avec une autre déviation psychologique : celle qui fait dévier de l’amour vers la jalousie -pour rappel, origine du Mal dans les traditions judéo-chrétiennes.
On pourrait peut-être tenter un hardi parallèle biologique, avec la déviation qui détourne les cellules régulatrices en cellules assaillant le corps qu’elle sont chargées de protéger, base des cancers ?
Pour la petite histoire, ce tableau emblématique, qui fit la Une de Look en janvier 1964, a été accroché à la Maison blanche durant les deux mandats de M. Barack Obama, avant de retourner au Norman Rockwell Museum de Stockbridge, Massachusets, USA.

Allons se renseigner maintenant sur ce peintre & illustrateur dont certaines œuvres sont connues sans qu’on les lui attribue.
Ses peintures apparaissent bien plus riches de sens que l’esprit commun ne le pense. Il s’agit de Norman Rockwell, illustrateur américain né à la fin du XIXè siècle (1894), à la longue carrière -il est mort âgé de 84 ans en travaillant quasiment jusqu’au bout- dont de nombreuses illustrations sont synonymes du rêve américain.
Il travailla des années pour le magazine “The Saturday Evening Post
et créa quelques unes des affiches et illustrations majeures de l’effort de guerre, puis, la Paix revenue, du rêve américain.
Son regard est plus profond, que les seules évocations de cet “american way of life” suggérerait. C’est avec une tendresse bienveillante qu’il observe le monde, cependant plein de lucidité, ainsi dans la peinture engagée ci-dessus.
Vous pourrez comparer celui ci au regard d’un Albert Guillaume,
et, pour l’aspect de la société des années 50, le dessin de Laura Lipton que je vous ai proposé aussi.
Regardons par son “Critique d’art”, de 1955.

1955, Rockwell Norman, Art critic
1955, Rockwell Norman, Art critic

Observons le rapport enchanté des personnages des deux tableaux envers l’amateur-peintre qui regarde de près la technique utilisée. Je crois que certains cinéastes s’en sont servis pour Harry Potter…
Qu’en pensez vous 🙂
Cela dit, les attitudes des personnages peints sont variées. La femme du tableau observée semble en partie flattée par cette attention, tandis que les contemporains d’Henri IV en apparaissent agacés. Pourtant, tous ces personnages ne marquent-ils pas davantage un amusement un rien moqueur devant ce visiteur qui regarde le détail, délaissant l’objet même du tableau.
Quelque chose d’analogue au proverbe chinois qui dit
“Quand le sage montre la vérité du doigt, le sot regarde l’index” ?

Je reviendrai sur d’autres œuvres de cet artiste d’exception !

À vous de m’en dire beaucoup plus
Portez vous bien.

Admirez, savourez, étudiez… et commentez

Amicalement,
Jean-François

Bibliographie rapide :
– “Notre problème à tous”  https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre_probl%C3%A8me_%C3%A0_tous
– Norman Rockwell (pour celles et ceux qui y ont accès, il figure dans la Bibliothèque d’Histoire de l’Art & des Civilisations que je propose), mais aussi http://www.moreeuw.com/histoire-art/norman-rockwell.htm   comme https://www.norman-rockwell-france.com/
– et le Musée qui lui est consacré  : https://www.nrm.org/  et quelques vidéos qu’il propose : https://www.youtube.com/user/NormanRockwellMuseum
– Ruby Bridges https://www.rubybridges.com/
– The Saturday Evening Post https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Saturday_Evening_Post

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POTDEVIN Christine

Norman ROCKWELL est un artiste américain bien connu, même des profanes, ce qui en dit long. En effet, ces représentations de l’american way of life principalement des années 1950 ont marqué beaucoup de gens. Une société en pleine évolution, contemporaine des Trente Glorieuses en France mais dont certains protagonistes, du moins les jeunes, se retrouveront dans l’enfer du Vietnam … Questions à se poser sur “notre société”.
Quant à cette petite fille …
L’évocation de cette ségrégation est courageuse de la part de l’artiste car cela dérange. Quel est le rôle d’un artiste dans ce domaine de la vie en société, des problèmes qui peuvent exister, de la politique ?
Je pense qu’il est bien que les artistes “soulèvent” les problèmes mais je ne pense pas qu’il soit “bien” que ces mêmes artistes “fassent de la politique” (exemple le peintre David pendant la Révolution qui, sous l’Ancien Régime est intégré au système, est un grand révolutionnaire pendant la Convention (et fait des choses abominables) et sera un grand soutien de Napoléon sous l’Empire … !!! Bref un bel opportuniste.
Ce n’est pas le cas de Norman ROCKWELL et cette petite fille noire qui marche hardiment encadrée par les grandes jambes d’hommes est troublante. Petite fille, petites jambes, entourée de très grandes jambes d’adultes (et je pense d’adultes blancs) Quel message en si peu de traits !
Oui, combien de choses sont dites ! Quel courage de cette enfant qui est une personne intéressante à plus d’un titre : ses connaissances, son désir d’apprendre, son courage, sa ténacité … A comparer avec cette femme qui à la même époque s’était assise dans l’autobus à l’endroit qu’elle avait choisi (et non pas à celui que la société lui imposait).

Bref, cet instantané de Norman ROCKWELL est très intéressant et digne d’intérêt. A commenter.

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