Bonjour à toutes et tous,
Voici la 27è des œuvres d’art que je vous envoie dorénavant, au rythme des temps qui passent.
La thématique, transversale, est la ville vécue, exprimée en poésie.
Et non la Cité idéale, notez le bien !
La 27è œuvre hebdomadaire se trouve sous le rang d’un chiffre à la numérologie fort symbolique (cf. la crypte de l’abbaye de Fleury, …).
Aussi, comme nous avions fêté le 21 avec de la musique ( Tchaïkovsky), nous allons donc célébrer le 27…
avec de la poésie…
De mon côté, et mon choix succinct a laissé de côté trop de très beaux écrits des 3 derniers siècles connus,
j’ai sélectionné des poèmes courts, écrits depuis l’antiquité, francophones et le plus souvent français.
Je vous propose la tâche de compléter ce tout premier choix, pour au moins une des périodes.
Vous verrez combien la ville devient prégnante dans l’esprit des poètes de l’époque contemporaine (ie. depuis la Révolution française) ;
Mais aussi combien son évocation directe est rare aux temps baroques et classiques…
Quelles orientations prend donc l’art poétique au fil des temps ?
Certains des poèmes de ce petit florilège vous inspirent-ils ?
D’autres vous semblent-ils manquer quoiqu’essentiels ?
Lesquels, et pourquoi donc ?
Vos propositions de poèmes, notamment anciens, sont donc les bienvenus !
Admirez, savourez, étudiez… et commentez
Amicalement,
Jean-François
La_ville_un-florilege-de-14-poemes-a-travers-le-temps_JFMartine
Une compilation proposée par Jean-François Martine
Poème N° |
Index |
page 01 |
||
01 |
0D_antiquité |
Ausone |
Ordre des villes célèbres |
page 02 |
02 |
0E_Moyen-âge_1180-90 |
Chrétien de Troyes |
extrait de Perceval le gallois |
page 17 |
03 |
0F_Renaissance_1558 |
Joachim du Bellay |
Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome |
page 18 |
04 |
0G_XVIIè siècle |
Blaise Pascal |
Extrait des petits écrits philosophiques et religieux |
page 19 |
05 |
0G_XVIIè siècle |
Nicolas Boileau |
Les embarras de Paris, in « Les Satyres » |
page 20 |
06 |
0I_XIXè_1857 |
Charles Beaudelaire |
Spleen, in « Les fleurs du mal » |
page 24 |
07 |
0I_XIXè_1874 |
Paul Verlaine |
il pleure dans mon cœur, in « Romances sans paroles » |
page 25 |
08 |
0I_XIXè_1895 |
Émile Verhaeren |
La Ville |
page 26 |
09 |
0J_XXè_1944 |
Robert Desnos |
La Ville |
page 29 |
10 |
0J_XXè_1946 |
Jacques Prévert |
Les clefs de la ville |
page 30 |
11 |
0J_XXè_1973 |
Hamid Tibouchi |
Nous habitons une ville, in « Mer ouverte » |
page 31 |
12 |
0K_XXIè_2005 |
Tahar Ben-Jelloun |
Ville |
page 32 |
13 |
0K_XXIè_2016 |
Villebramar |
Brave New World, in « Poèmes pour un autre temps » |
page 33 |
14 |
0K_XXIè_2020 |
Kamal Zerdoumi |
Beyrouth |
page 35 |
La ville ou le village
Les embarras de Paris de Nicolas Boileau est mon poème préféré. Il traite vraiment de la ville. Ce poème estegalement plein d’humour.
Les poèmes de Hamid Tibouchi « Nous habitons une ville » et celui de Kamel Zedoumi« Beyrouth » sont deux beaux poèmes d’actualité qui décrivent la difficulté de vivre dans certaines villes.
Le poème de Tahar Ben Jelloun est un peu hermétique, cependant la musique, l’association des mots chantent merveilleusement à mes oreilles. J’apprécie l’écriture de ses romans.
Je comprends la mélancolie, la tristesse des poètes qui vivent en ville. Jacques Prévert, dans « Histoires », Paul Verlaine dans « Romance sans paroles », Charles Baudelaire dans « Spleen » expriment merveilleusement les sentiments que leur inspire
la ville.
Tous ces poètes ne nous incitent guère à habiter la ville.
Joachim DU BELLAY écrit un poème sur la ville de Rome « Les antiquités de Rome » et sur village son village natal « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage » son amour penche incontestablement pour son village natal.
Joachim DU BELLAY
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,Et puis est retourné, plein d’usage et raison,Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit villageFumer la cheminée, et en quelle saisonReverrai-je le clos de ma pauvre maison,Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,Que des palais Romains le front audacieux,Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,Et plus que l’air marin la doulceur angevine.Voici encore un magnifique poème sur un village
Alain Ryon
Ha ma verte campagne
Où ma jeunesse j’ai passé
Et tant de souvenirs qui me sont restés
Que j’y laisserai et mon coeur et mon âme.
Verte prairie et grande forêt
Entourent mon petit village
Le chant des oiseaux à travers le bocage
Lui donne un air de fête lorsque le jour nait.
Quelle est belle ma campagne au printemps
Parcourant ses chemins où les fleurs s’épanouissent
Regardant ses beaux arbres où les pommes mûrissent
Et les feuilles d’automne emportées par le vent.
Cher petit pays tu as pris tout mon être
Dans ton ruisseau où l’hiver j’ai glissé
A ta douce fontaine ton eau j’ai puisé
Aujourd’hui ces souvenirs se bousculent dans ma tête.
Je garderai en moi jusqu’à mon dernier souffle
Une merveilleuse image de toutes tes beautés
Qui font de mon village toute sa fierté
ou encore ceux de De Francis JAMMES Les villages…
De victor hugo Fêtes de village en plein air
Chacun de ses poètes loue les avantages d’habiter un village. Personnellement, après avoir vécu à Paris, puis à Reims, je suis heureuse de finir ma vie dans le joli village de Châteauvieux.
Sur les hauteurs du jardin nous observons notre maison. Elle est abritée par des arbres de différentes essences qui se métamorphosent au cours des saisons. En hiver, les maisons du voisinage et le château qui domine le village jouent à cache-cache derrière les troncs d’arbres. Au printemps, les arbres fleuris décorent les murs, la toiture des maisons avoisinantes de multiples couleurs. Puis, petit à petit ces maisons disparaissent presque complètement derrière l’épais feuillage des arbres. J’ai alors, l’impression de vivre complètement dans la nature. A cette époque, plus personne ne peut m’apercevoir gesticuler quand j’entreprends ma gymnastique .
A chaque saison, quelle surprise de voir la terre se couvrir de nouvelles fleurs sauvages. En ce moment ce sont les pâquerettes qui tapissent le sol. Elles surgissent spontanément du jour au lendemain comme par magie. Les violettes plus discrètes tentent de se faire une petite place au milieu des pâquerettes. Ces premières fleurs de printemps n’ont l’air de rien, pourtant elles m’envahissent d’un sentiment d’émerveillement
Compte tenu de notre âge nous avons renoncé à la présence d’ un animal domestique . Je préfère de beaucoup observer, vivre une multitude
de petits animaux sauvages. Ils se cachent dans le jardin et sortent dès que nous nous tenons tranquilles. Les chauves souris abritent leurs petits derrière les volets de la salle de séjour. Un énorme crapaud loge dans le tuyau qui évacue l’eau de la gouttière. Un lézard vert paresse au soleil sur les pierres du mur de la cour. Une couleuvre, se glisse sous le réservoir d’eau de pluie dès que nous approchons . Victime d’une chute l’orvet se
réveille tranquillement au milieu de la cour. Deux gros escargots s’accouplent sur la vitre de la fenêtre. L’araignée tisse une immense toile entre la fenêtre et les plantes vertes. Les papillons aux multiples couleurs se posent et se régalent de lavandes.
L’hiver, une nuée d’oiseaux voltigent autour de deux mangeoires accrochées dans la cour intérieure. Ils sont voraces. Ils se respectent, ils font la queue. Les bouvreuils, rouge-gorges, moineaux sont écolos. Ils ramassent tout ce que des petits gaspilleurs abandonnent au sol.
Quand le cerisier qui penche ses branches au dessus de la cour sera de nouveau couvert de ses fruits, le gourmand écureuil roux réapparaîtra accompagné de toute sa petite famille. Pour le moment le crapaud, l’écureuil, l’orvet , la couleuvre , le lézard vert, les chauves souris, les insectes sont encore à l’abri du froid dans leur repère respectif.
J’allais oublier ! une souris coquine s’est réfugiée dans la maison. Elle a creusé un trou dans un coin fragile du mur de la salle de bain. Le soir, quand nous regardions la télé, cette petite curieuse passait devant nous en nous narguant. Avec un bouchon, nous avons fermé le trou, par peur qu’elle élève ses petits dans cette cachette. Ensuite nous avons été cruels en lui tendant un piège qui lui a été fatal.
Ce sont des petits bonheurs que l’on ne peux pas connaître en ville . A Paris la nature est présente dans les jardins, mais les promeneurs y sont tellement nombreux, qu’il est difficile de trouver de petits animaux sauvages.
Dans la campagne champenoise, prés de Reims, faune et flore sont complètement anéanties par les pesticides répandus par hélicoptère au dessus du vignoble. Il n’y a plus un seul insecte, même les mouches, pourtant plus résistantes, ont disparues. J ‘éprouvais une révolte dans cette destruction de la nature. A Châteauvieux même si malheureusement le désastre s’annonce . Je peux encore observer quelques animaux sauvages.
Aimer la nature, l’observer, s’y promener, fait naître une expérience qui nous transporte hors de nous, c’est vital . Je plains les gens de la ville qui ne peuvent pas vivre dans la nature. C’est bien triste.